D'un écart stoïcien de Spinoza
Dans La traversée des catastrophes1, Pierre Zaoui remarque que l’utilisation par Spinoza du “c’est ainsi” stoïcien, traduction commune du déterminisme, à l’égard de la mort relève moins d’une concession faite à la gloriole stoïcienne2 que d’une solution pratique, d’une méthode pour exister3, utilisable par l’individu qui n’aurait pas encore atteint la splendeur de la connaissance du troisième genre (gloriole moins fantasque mais pas moins gloriole).
C’est par ces détours hors de la raison, de la justification, du raisonnement assis sur une chaise, sans ce vide des pensées méditées dans la tranquilité de la conscience calmée qui s’octroie tous les droits, que les philosophes regagnent notre confiance qu’ils ont justement consommée au fur et à mesure de notre lecture. Soumis de répondre aux ignorants, Spinoza concède l’efficacité de la prière mais concède surtout au sens commun qui fait feu de tout bois combustible4 pour se résoudre à l’impensable devenu invivable.
Footnotes
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La traversée des catastrophes, Pierre Zaoui (« Vivre sans, vivre avec – après la mort ») ↩
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Pour preuve l’engouement du développement personnel pour le stoïcisme romain avec ses “Guide de l’Homme Stoïque: Stratégies Quotidiennes pour le Bonheur et la Résilience : Adopter le Stoïcisme dans la Vie Moderne” ↩
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Spinoza. Méthodes pour exister, Maxime Rovere ↩
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La prière rebutera celui qui pense que l’athéisme est signe de son intelligence, le dolorisme enchantera celui en manque d’amour propre, etc. Tous les remèdes du commun ne valent pas la même chose pour tous. ↩