Monde humain, monde naturel
À la révélation que tout ce qui nous entoure constamment est d’origine humaine, des objets les plus quotidiens aux procédés les plus complexes, je ne sais pas ce qui devrait l’emporter entre la stupéfaction et la peur. Être de nature comme l’est la poule, le pigeon ou le chien, une certaine humanité s’est pourtant bâti un monde entièrement asphyxié.
Peut-être qu’une pointe de matérialisme joyeux peut adoucir le mélange : tous les objets qui nous entourent ne sont qu’une transformation de la nature. L’humanité n’a rien créé à partir de rien, c’est toujours une somme considérable d’efforts et d’intelligence1 qui utilise le sable en ciment et le ciment pour la maison. Reste les institutions, les codes moraux, les systèmes économiques subordonnant, la hiérarchie vulgaire, l’égalité devant l’injustice, etc. Les plus vigoureuses et vigoureux trouveront chez Spinoza une autre ombre rafraîchissante à l’hyper-facere humain : les productions uniquement humaines (morales, spirituelles, éthiques et toute la farandole pompeuse avec2) sont aussi le fruit de la nature, constructions élaborées sur le champ de bataille des affects des individus ou des masses, révélant leurs sédiments historiques et leur lot d’habitudes héritées de la victoire passée d’un jeu de puissances sur d’autres.
Footnotes
-
Mais pas de conscience, le moustachu l’ayant déjà dit : « Nous nions que l’on puisse faire quoi que ce soit de parfait tant qu’on le fait consciemment » ↩
-
Même si le Hagakure dit dans son premier chapître : « Il est détestable de vouloir rechercher une forme de logique qui rendrait plausibles la loyauté, la justice et bien d’autres choses » ↩