Moine zen en Occident
Ce livre fait le même effet que les entretiens du maître (Questions à un maître zen) : l’impression de retrouver un souvenir d’enfance, quelque chose d’oublié depuis longtemps mais qui paraît pourtant évident. Il y a quelque chose de l’innocence immédiate de l’enfant, de cette a-moralité et d’absence de jugements que l’on connaissait une fois rendus à la solitude d’une promenade ou d’une chambre calme.
Privé de la verve de Kodo Sawaki et de la truculence de Deshimaru, Rech a une autre corde sur laquelle jouer. Le bougre fait diablement vite redescendre le satori des préjugés d’orientalistes aux banalités matérialistes si faciles pour nous Européens d’aujourd’hui : c’est la pratique de zazen qui rejaillit sur le quotidien.
Le risque est alors d’en faire une technique, la corde à suivre qui mène quelque part et… évidemment qu’il y a de ça, sinon à quoi bon ? Mais au lieu de nous emmener quelque part, la corde nous ramène au point de départ. Il ne me plairait toutefois pas beaucoup d’y rester longtemps. L’air y est si pur qu’on en viendra à se sentir sali une fois redescendu dans ce qu’il faudra appeler, avec du regret dans la voix, le monde quotidien des passions mesquines. L’intelligence et la finesse d’interprétation de Rech ont évidemment déjà trouvé la parade pour lutter contre ce dégoût : plus de pratique, moins de jugement.