Lettres à un jeune poète
La simplicité théorique de la pensée de Rilke laisse songeur… mais pas pour longtemps ! Sorte de catalyseur, de shot de sucres au service du mythe de l’artiste enthousiasmé par les dieux, brûlant d’un feu intérieur et confronté à des perceptions rimbaldiennes. Rien de nouveau, sinon la foi et l’habilieté dont Rilke témoigne à l’égard des expédients de l’art selon le dogme : la solitude et l’espoir.
On s’étonne alors de le voir rêver à une surhumanité solaire, libéré des « erreurs du christianisme » alors même que souffrance et douleur jouent le rôle de carburant de la vanité du poète. Ce n’est pas faute d’avoir arraché les mauvaises herbes pourtant, Rilke ayant le bon sens de rappeler à son correspondant les bienfaits de l’égoïsme du goût et ceux du pragmatisme littéraire (ou plutôt bibliothaire).
Que retirer de tels échanges ? Pourquoi Kappus, officier abandonnant la carrière de poète, a-t-il publié ces exhortations au daimon ? Peut-être, comme le rappelle le préfacier, s’agit-il simplement de servir de rappel contre l’indigence pleine du confort dans l’art de s’affranchir.