Journal d'un vieux fou
La cruauté de Tanizaki va de paire avec la crudité du regard qu’il porte sur la vieillesse, cachée derrière la pathologie sexuelle, et la mort. Tout les apprêts de la noble vie longue sont absents, il ne reste que la somme brûlante des douleurs quotidiennes et de l’argent accumulé. L’humanité retrouvée, c’est ici l’intensité du désir du vieillard, poussé par le masochisme et la beauté vulgaire mais puissante de Satsuko, sorte de femme libérée de la chanson.
Aucune concession n’est faite à l’idéalisme, l’air de cette vie ne naît que de la décomposition morale produite par la recherche du plaisir intellectuel avec une facilité désarmant même les apparences de virilité et de bonne conduite du vieillard et de sa famille. Ainsi, l’ambiguïté des relations avec Satsuko, manipulatrice soucieuse de la santé de son bienfaiteur, achève ce portrait d’une vie constamment fouettée par les vents de la recherche du plaisir et la prison des raisons sociales.